Dès
qu'approche une élection surgissent des consignes redondantes qui tendent a
inciter tous les électeurs à voter, à accomplir ce qu'il est de bon ton de
nommer un devoir civique, à participer à ces scrutins démocratiques qui sont décrits
comme un privilège que bien des pays nous envient, à ne pas laisser la place
aux extrémismes de toutes natures, à participer aux enjeux républicains qui
déterminent le futur et surtout à ne pas s'abstenir de voter pour respecter un
des droits citoyen fondamental pour lesquels nos aînés se sont si chèrement
battus.
Lorsque l'on
restitue dans l'actualité ces arguments en faveur du vote il est par contre aisé
de constater que leur teneur est pour le moins très tendancieuse.
Parce que ce
devoir n'a jamais été voulu comme une obligation par ceux qui l'ont instauré
dans le cas ou aucune proposition ne conviendrait à l'électeur, que la
démocratie actuelle est devenue antinomique d'avec les idées qui imaginèrent
que sa création soit profitable aux peuples, que sont jugés comme extrêmes tous
les mouvements qui ne sont pas dans la norme des grandes formations politiques,
que la république est devenue une domestique au service des intérêts privés et
pour terminer que jamais les combattants d'hier ne n'auraient accepté qu'une citoyenneté
puisse devenir aussi différente de celle qui a justifié leurs sacrifices.
En définitive
il semblerait que l'on veuille nous faire voter de toute manière, sans qu'il
soit important qu'un candidat mérite nos suffrages, même si c'est une oligarchie
minuscule à qui profite exclusivement nos choix par ailleurs conditionnés a
un nombre très réduit pour que s'opèrent
des alternances confortables afin que rien ne change véritablement.
Une manœuvre ayant pour
but d'obéir à des groupes d'influences qui se moquent du bien être social des
populations puisqu'ils ne sont motivés que leurs gigantesques profits
individuels.
Rien dans ces
éléments ne ressemble aux idéaux de ceux qui ont promulgués la démocratie originelle
puisqu'en définitive actuellement les élus osent légiférer contre les intérêts
publics en argumentant de leur légitimité
électorale qui, a les entendre, leur donne tous les droits au nom d'une
majorité souveraine souvent acquise par des méthodes de propagandes concoctées
dans les arcanes des médias dominants qu'ils dirigent pour lobotomiser puis
diriger les électeurs par l'utilisation des mensonges ou des dissimulations
flagrantes.
Il fut un
temps pendant lequel certaines réflexions libertaires concluaient que voter
c'était se soumettre, ce n'est plus le cas, actuellement voter équivaut à être complice
d'une forfaiture organisée par une caste de dominants qui ne se soucie que de leurs
seuls intérêts, c'est laisser se commettre impunément la déconstruction de tous
les acquis sociaux qui ont été à l'origine des véritables progrès humains.
C'est donner raison à la dictature du libéralisme qui peut sans aucun contrôle finaliser
ainsi ses ambitions hégémoniques.
Que se passerait
il si lors d'une élection un candidat était élu avec une fraction très minimale
de voix, comme l'autorisent les constitutions qui ne prévoient aucun quorum,
que diraient les opinions publiques si un dirigeant s'imposait sans aucune
majorité, la réponse est évidente, le peuple refuserait obstinément de se plier
aux volontés de cet illégitimité bien davantage que lorsqu'on parvient à lui
faire croire qu'elles sont l'expression du plus grand nombre.
Les démocrates
devraient sans ambiguïté refuser de se déplacer pour voter, ils devraient faire
une grève illimitée de ce droit qui n'est plus en fait qu'un devoir
d'obéissance de collaborateur aveugle, ils devraient mettre en quarantaine par
le mépris ceux qui sont devenus de simples malades d'un pouvoir déshumanisé et
qui ne raisonnent plus que pour tenter d'assouvir leurs addictions malsaines.
La démocratie doit sanctionner ceux qui ne respectent plus les peuples par une désobéissance civile qui refuse les règles imposées par un pouvoir félon.
Qu'ils soient
favorables aux idées extrêmes sans jamais avoir exercé le pouvoir, membres des
partis conventionnels de gauche, du centre ou de droite, qu'ils militent pour
l'écologie ou s'affirment comme des syndicalistes engagés tous les intervenants
du système en place n'ont cessé de trahir ceux dont ils réclamaient les voix en
ne respectant aucun des engagements qu'ils avaient pourtant promis de faire
devenir réalités, le plus souvent grâce à un discours populiste prononcé sans
aucune vergogne afin d'atteindre leurs cibles électorales.
Jamais les
promesses n'ont été tenues mais malgré ce fait reconnu de tous, force est de
constater que les citoyens continuent d'accorder leur confiance aux élus dont
ils savent pourtant la malhonnêteté chronique, cette aberration idéologique fonctionne
parfaitement car la certitude que le message de propagande que les mêmes leur
distille et qui consiste à les culpabiliser si ils ne votent pas est
absolument valide, au nom de l'éternelle et sacro-sainte démocratie dont aucun
votant ne sait plus véritablement le sens ou la réalité.
De même que les
alouettes se font piéger avec de simples miroirs disposés habilement par les chasseurs,
les personnalités de la sphère politicienne piègent leurs électeurs avec des
contes incroyables qu'ils ressassent sur les ondes de tous les médias serviles
dont ils disposent.
Cette technique de leurres ou d'appâts, qui fonctionne
aussi bien dans les deux chasses laisse craindre qu'à un instant précis des aveuglements programmés les masses humaines n'aient pas plus de capacité d'analyse que des volatiles.
Le votant
globalement conditionné par une mécanique populiste parfaitement rodée, dont il
faut reconnaître la redoutable efficacité, devient aussi docile qu'un mouton
qui se laisse conduire a l'abattoir sans s'inquiéter jamais du chemin que le berger lui impose
avec l'aide de ses chiens fidèles, ce qui pourrait signifier que les peuples
soient devenus un simple bétail pour une petite caste d'éleveurs qui gèrent un
nombre de têtes tout en s'appliquant à les vider de toutes les formes de cultures
logiques qui pourraient inciter les bêtes à refuser de marcher en rang sans
jamais s'en plaindre véritablement.
Dans ces
conditions évidentes pour qui peut les regarder loin de toute passion militante
il n'y a que deux voies, la première qui semble pour l'actualité être celle
suivie par une majorité qui s'exprime, consiste a voter sans ambition pour
finalement s'accommoder d'une déliquescence perceptible en échange d'un pathétique
confort minimal qu'il sera hors de question de risquer, quitte a ce qu'il soit
sans cesse réduit ultérieurement.
La seconde se résume à refuser obstinément ce jeu
de dupe en se substituant volontairement aux obligations électorales, tant que
l'équilibre entre les plus favorisés et les moins privilégiés ne sera pas fondamentalement réformé.
De ces deux
méthodes radicalement différentes et qui de surcroît s'opposent, celle qui
imagine que le changement viendra de professionnels de la politique
artificiellement plébiscités est clairement inscrite dans une démarche
d'espoirs chimériques puisque justement ils sont confiés à ceux qui ont toujours
été la cause indubitable de leurs inquiétudes.
L'autre méthode qui prône
l'abstention révolutionnaire comme une solution et qui ne propose pas de rêves
insensés à des électeurs si avides de distractions adaptées est potentiellement la
seule qui pourrait faire en sorte que les suffrages ne soient plus attirés par des
illusions sans effets.
Il est
très probable que si une écrasante majorité de voix s'abstenaient de se livrer aux urnes
des prédateurs politiques il serait enfin possible de remplacer pacifiquement tous
les élus indignes d'un système globalement perverti afin que les mesures
espérées et demandées par le peuple depuis toujours sans jamais les avoir obtenues
améliore globalement et finalement le quotidien du plus grand nombre.